Ce que disent leurs mains : Marcelle Tinayre

Article paru dans L’Intransigeant du 20 juillet 1926 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

MARCELLE TINAYRE

Petite main essentiellement féminine que celle de Mme Marcelle Tinayre, avec tout ce que l’« éternel féminin » comporte de force calme dans la pleine conscience d’elle-même.
Une susceptibilité qui a sa pudeur et qui se maîtrise. Une volonté violente et diplomatique à la fois qui sait triompher en cédant et qui connaît les secrets de l’auto-suggestion.
Une sensibilité réservée et fière. Un conflit entre l’intelligence et l’intuition, d’où cette dernière sort souvent victorieuse. Une indépendance si grande qu’elle ne s’abaissera pas plus à choquer les préjugés qu’à les respecter, également indifférente aux éloges et aux blâmes de ceux qui ne sont pas ses amis ou ses intimes. Une modestie à laquelle la publicité est antipathique et qui est très consciencieuse — trop consciencieuse peut-être — dans le travail qu’elle entreprend. Une nature affectueuse, aimante. Un besoin de se dépenser, de se dévouer. La superbe volupté de s’humilier en même temps qu’un bel orgueil. Le sens de l’ordre mais la haine des détails. Un rare talent de compréhension sentimentale et spirituelle. L’amour du foyer. Une bonté sans ostentation. Une indulgence infinie.
Tels sont les traits caractéristiques de cette main, où Vénus est surtout maternelle, tendre et propice ; que Lune asservit presque entièrement à la vie contemplative et qu’Apollon égaie d’un optimisme esthétique. Avec les doigts coniques mi-lisses, mi-noueux, cela forme un curieux mélange d’idéalisme extrême et de bon sens pratique. Mme Marcelle Tinayre possède en plus (ainsi que l’indiquent ses lignes de tête et de cœur et ses rayures sur le Mont de Lune) la merveilleuse faculté d’échapper aux réalités, et de se créer sa propre vie secrète et riche qui n’est pas de ce monde.

Maryse Choisy

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