Ce que disent leurs mains : Mme de Noailles

Article paru dans L’Intransigeant du 17 octobre 1926 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

MME DE NOAILLES

Notre collaboratrice Mme Maryse Choisy nous a donné un portrait de la main de Mme de Noailles.
Mme la comtesse de Noailles, à ce sujet, a bien voulu nous dire comment elle jugeait elle-même la perspicacité de notre collaboratrice.
Voici le portrait, suivi de sa critique :

Le trait caractéristique de cette petite main à grands projets marquée par l’ardeur de Vénus et l’ambition de Jupiter, est une vitalité inépuisable, un désir de boire à fortes lampées toute la vie. Elle « passionnalise » tout ce qu’elle voit. Au contact de Mme de Noailles, mêmes les mathématiques deviendraient passionnelles.
L’imagination est riche et se plaît dans la complication. La ligne de cœur est tourmentée et indique une sensibilité subtile, complexe, très exigeante dans ses affections, inquiète et orgueilleuse. Les ongles, à tendances triangulaires, trahissent une susceptibilité élégante.
L’angle du pouce dit le sens du rythme. Les sympathies et les antipathies sont fortes. La prodigalité embrasse une forme un peu spéciale. La volonté est diplomatique et galopante en même temps (bien que ces deux qualités semblent au premier abord s’exclure). Très féminine dans ses manifestations.
Le mont de Vénus révèle l’amour de la forme, la joie de vivre, une compréhension dionysiaque de l’existence, du bonheur et de la gaieté. L’insouciance est voulue.
Sous une simplicité extérieure, beaucoup de fantaisie et de complications.

Maryse Choisy


Et voici la spirituelle réponse de Mme la comtesse de Noailles :

Cher monsieur, si Mlle Choisy voulait ajouter à ce document qui révèle sa science très sûre et sa grande intuition la remarque indubitable, et dont je suis malheureusement bon juge, que les êtres qui ont une conception violente du bonheur l’ont aussi de la douleur, et que l’excès du caractère peut et doit s’établir dans la tristesse comme dans la joie, je ne verrais rien à reprendre dans cette page qui me frappe par sa justesse et sa divination savante. Je vous prie de croire, cher monsieur, à tous mes sentiments de sincère sympathie.

Comtesse de Noailles

Ce que disent leurs mains : Georges Courteline

Article paru dans L’Intransigeant du 17 août 1926 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

GEORGES COURTELINE

Main noueuse et essentiellement philosophique gouvernée par Mercure, Soleil et Lune, telle est la main de M. Georges Courteline. C’est un intellectuel à sensibilité très subtile, très nerveuse, très impressionnable. D’où conflit perpétuel entre l’intelligence souple ainsi que l’indique la ligne de tête fourchue et l’intuition sentimentale. Comme chez presque tous les humoristes, le Mont de Saturne est rayé et trahit un profond pessimisme intime. Rien n’est plus mélancolique que la gaieté de M. Courteline, si ce n’est la gaieté d’un autre homme d’esprit.
Les colères sont rares et sérieuses, les sympathies et les antipathies fort prononcées. Les doigts noueux disent l’esprit critique, l’analyse minutieuse, l’observation impitoyable, l’ordre et la méthode. L’imagination cependant est synthétique et se plaît à construire. Elle sait styliser le « type » dans la multiplicité informe des événements qui passent. L’auriculaire est très sensible au sens du ridicule et des proportions. Le pouce témoigne d’une volonté puissante, diplomatique, persévérante et d’une force consciente d’elle-même.
Nulle trace de vanité. Un orgueil réservé. Une timidité maîtrisée. Beaucoup de fantaisie sous une dignité extérieure. Une bonté immense et une prodigalité générale.
La première éducation est sévère. Néanmoins les opinions de M. Courteline évoluent et se recréent sans cesse, ce qui lui donne une jeunesse d’esprit éternelle. Rien de figé, d’arrêté, de sectaire dans cette main pleine de compréhension. La ligne de destinée prouve que la gloire de M. Courteline n’est due ni à la chance ni au hasard mais à son propre travail. On lit aussi chez lui du mysticisme. Un mysticisme large et un peu spécial, qui lui confère une religion très personnelle.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Marcelle Tinayre

Article paru dans L’Intransigeant du 20 juillet 1926 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

MARCELLE TINAYRE

Petite main essentiellement féminine que celle de Mme Marcelle Tinayre, avec tout ce que l’« éternel féminin » comporte de force calme dans la pleine conscience d’elle-même.
Une susceptibilité qui a sa pudeur et qui se maîtrise. Une volonté violente et diplomatique à la fois qui sait triompher en cédant et qui connaît les secrets de l’auto-suggestion.
Une sensibilité réservée et fière. Un conflit entre l’intelligence et l’intuition, d’où cette dernière sort souvent victorieuse. Une indépendance si grande qu’elle ne s’abaissera pas plus à choquer les préjugés qu’à les respecter, également indifférente aux éloges et aux blâmes de ceux qui ne sont pas ses amis ou ses intimes. Une modestie à laquelle la publicité est antipathique et qui est très consciencieuse — trop consciencieuse peut-être — dans le travail qu’elle entreprend. Une nature affectueuse, aimante. Un besoin de se dépenser, de se dévouer. La superbe volupté de s’humilier en même temps qu’un bel orgueil. Le sens de l’ordre mais la haine des détails. Un rare talent de compréhension sentimentale et spirituelle. L’amour du foyer. Une bonté sans ostentation. Une indulgence infinie.
Tels sont les traits caractéristiques de cette main, où Vénus est surtout maternelle, tendre et propice ; que Lune asservit presque entièrement à la vie contemplative et qu’Apollon égaie d’un optimisme esthétique. Avec les doigts coniques mi-lisses, mi-noueux, cela forme un curieux mélange d’idéalisme extrême et de bon sens pratique. Mme Marcelle Tinayre possède en plus (ainsi que l’indiquent ses lignes de tête et de cœur et ses rayures sur le Mont de Lune) la merveilleuse faculté d’échapper aux réalités, et de se créer sa propre vie secrète et riche qui n’est pas de ce monde.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Claude Farrère

Article paru dans L’Intransigeant du 12 juillet 1926 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

CLAUDE FARRÈRE

J’imagine volontiers que feu César Borgia dut avoir une main comme celle qui me frappa chez M. Claude Farrère. Très racée, cette main grande, spatulée, aux doigts longs, maigres et nerveux de Maharadja qui indiquent un certain dilettantisme de la sensation. Le souci apollonien qui s’y lit du geste en beauté et de l’art dans les moindres manifestations sociales ou intimes, son goût nietzschéen de la vie dangereuse, son éclectisme esthétique appartiennent en effet à l’époque de la Renaissance.
M. Claude Farrère est gouverné par la combinaison astrale de Soleil et de Mars, contradictoire par définition. C’est la main non point du soldat, mais du guerrier médiéval qui risque sa vie pour un sourire et même pour moins. Un courage à toute épreuve, le goût du jeu et du péril, beaucoup de dignité et un orgueil jupitérien sans ombre de vanité. La plaine de Mars raconte un
self-control peu commun, grâce auquel il peut boire sans s’enivrer et se livrer à des excès tout en sachant s’arrêter à l’heure propice. Le pouce cependant laisse transparaître une hésitation intellectuelle entre deux chemins à prendre. Sa volonté qui serait forte pour une main normale, n’est peut-être pas suffisante pour cette main fastueuse où tant de talents s’entre-croisent et tant de passions s’entrechoquent.
La ligne de cœur, très riche, indique la sensibilité des violents, c’est-à-dire à son état normal très douce et plutôt tendre, mais capable, lorsqu’elle est blessée, de violences. La ligne de tête dédoublée, souple, longue, subtile, lui confère la faculté de changer de personnage.
Une prodigalité seigneuriale s’exerce non seulement dans le domaine de l’argent, mais aussi dans celui du temps, de l’esprit, de la vie même. Le tempérament est assez riche pour y suffire. M. Claude Farrère aime à vivre un siècle dans chaque minute. Ce qui semble aux oreilles du vulgaire un vacarme épouvantable, devient pour lui, tamisé à travers son goût créateur, un concert délicieux. Il doit se donner à lui-même de belles fêtes d’imagination et d’action.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs main : Paul Fort

Article paru dans L’Intransigeant du 22 octobre 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

M. PAUL FORT

La main de M. Paul Fort présente l’union bizarre et inexplicable de Vénus et de Saturne : la vie et la morbidité, la joie et la mélancolie, l’art et les tourments intellectuels, la sensualité et l’ascétisme que décèlent également d’ailleurs les troisièmes phalanges, maigres dans leur coupe, charnues dans leur composition. D’où luttes perpétuelles qui divisent un tempérament original et tourmenté.
Une grande susceptibilité mais qui ne s’affirme point. Une volonté à la fois violente et diplomatique, rapide et persévérante, raisonnable et obstinée. Un amour tout intellectuel de l’ordre et cependant une haine congénitale des détails matériels. Un esprit naïf de grand enfant qui veut jouer et en même temps une intelligence précise et mathématique qui étonne dans la main d’un poète. Une sensibilité délicate et très fière. Une complète indépendance, une prodigalité naturelle et une largeur de vues remarquable. Une ambition exempte de toute vanité : M. Paul Fort a l’orgueil de son orgueil. Les virtualités infinies qui risquent de s’éparpiller, à cause de leur puissance même, seule sa volonté inflexible a pu les canaliser et en faire une source poétique des plus précieuses.
Enfin une imagination exubérante, fastueuse, curieuse, maladive et quelquefois perverse donne le
leitmotiv de son caractère étrange et contradictoire, où il y a des flammes, des explosions et aussi la douce lueur d’un cierge antique, mais toujours intéressant et toujours créateur, et sculpte la forme de ce talent magnifique et sobre à la fois.

Maryse Choisy

P-S. — Je remercie les lecteurs pour les aimables lettres qu’ils ont bien voulu m’adresser. J’ai répondu personnellement à ceux qui m’ont dit ne pas posséder de ligne de cœur comme je l’ai constaté pour la main gauche de M. Auriol. C’est une chose rare et toujours intéressante, encore que la signification en diffère selon les mains.
A Mme Aline G. — Le petit point rouge que j’ai trouvé chez Mme Rachilde est situé sur le mont de Lune et c’est là seulement qu’il signifie « imagination vicieuse ». Votre main, me dites-vous, porte un point rouge sous l’auriculaire, donc, vraisemblablement sur le mont de Mercure. Selon que votre main est mercurienne et commerciale ou plutôt sensuelle, il signifie : dans le premier cas, une affaire ratée ; dans le second cas, une tendance à… la solitude. Si cependant le point rouge en question ne se trouve pas exactement sous l’auriculaire, mais plus près de la percussion et sur une ligne d’union et s’il y a également un point rouge sur le mont de Vénus, près du pouce, il signifie alors un danger couru d’assassinat passionnel.

M. C.

Ce que disent leurs mains : Léon Blum

Article paru dans L’Intransigeant du 15 octobre 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

M. LÉON BLUM

La main de M. Léon Blum, encore qu’on y peut lire un grand besoin de mouvement et une énergie intense, est une main de philosophe plutôt que d’un homme d’action, la main d’un musicien qui a manqué sa vocation et d’un homme de lettres fortuitement plongé dans la politique. Elle est inépuisable en surprises.
La combinaison astrale Lune-Saturne-Mercure lui confère la lutte entre l’activité et la contemplation. Les doigts investis du nœud philosophique révèlent ce goût de la contradiction dans le domaine mystico-religieux, ce doute congénital qui doute de tout et même du doute, et cet esprit critique qui examine minutieusement le moindre fait et la plus anodine des théories. Le pouce indique la volonté diplomatique, allant jusqu’à l’obstination raisonnable.
Mais le trait dominant qui se retrouve dans la ligne de tête fourchue et les doigts flexibles est une merveilleuse souplesse de l’intelligence, une adaptabilité aux opinions les plus divergentes, une compréhension si parfaite des doctrines les plus contraires aux siennes qu’après avoir fait le tour d’une question, après avoir épuisé jusqu’aux subtilités casuistiques, tous les arguments positifs et négatifs, M. Blum, lorsqu’il se repose de critiquer, en vient à sympathiser avec les antipodes, sans toutefois adopter aucune de leurs idées. Il y a là dedans un dédoublement curieux de la personnalité.
M. Blum est orgueilleux et timide, comme la plupart des orgueilleux. Il aime l’ordre à condition de n’être pas obligé de ranger lui-même.
Sa carrière due à son mérite personnel est bien tracée, promet maint honneur, mais comporte le danger qui menace tous les êtres à grande vitalité nerveuse, celui d’éparpiller ses forces dans mille un domaines différents et irréconciliables.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Rachilde

Article paru dans L’Intransigeant du 29 septembre 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

RACHILDE

Mme Rachilde est une lunarienne pure, voire une lunarienne exagérée, avec tout ce que la lunarienne comporte d’imagination riche, fastueuse, exubérante et même — avouons-le — imagination un peu vicieuse, ainsi que l’indique le caractéristique point rouge qu’elle porte sur le mont de Lune.
Cependant, si l’on en juge par le pouce indiquant une volonté harmonieuse et logique, encore que passionnelle et quelquefois obstinée, la ligne de tête droite et les doigts aux tendances carrées, intellectuellement Mme Rachilde est faite toute de loyauté, de principes sévères et d’équilibre parfait.
De cette contradiction entre entre une imagination vicieuse et un bon sens bourgeois résulte une lutte continuelle qui se résout, d’une part dans l’écrivain d’envols et d’images que nous connaissons et, d’autre part, dans la femme irréprochable et exquise que ses intimes apprécient.
Un autre trait dominant de cette main est l’esprit d’indépendance qui doit se manifester à tout prix, toujours, malgré et contre tous et qui brise tous les obstacles avec la violence effrénée d’un pur sang emporté. (On note sur l’empreinte l’écartement démesuré des doigts qui est typique de l’indépendance absolue.)
Ajoutons à cela une grande bonté révélée par la ligne de cœur branchue, des enthousiasmes sans cesse renouvelés, une activité cérébrale intense, une conception très masculine dans maint domaine, un grand amour de la lecture (et ceci est très rare dans les mains des gens de lettres), un besoin de solitude et de contemplation, une prédilection pour l’instinct et la ligne directe plutôt que pour les détours et les erreurs de l’intelligence, et c’est là tout Rachilde.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Vincent Auriol

Article paru dans L’Intransigeant du 15 septembre 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

VINCENT AURIOL

Jupiter, Mars, Mercure : l’ambition, le courage, l’habileté, tels sont les traits dominants qui distinguent la main de M. Auriol. Tels sont les signes de la main classique de l’homme politique éminent.
M. Auriol possède infiniment d’ordre dans tous les domaines : l’ordre intellectuel, qui lui confère un raisonnement judicieux et souple, une grande aptitude aux mathématiques, comme on le peut observer par l’auriculaire noueux, et un esprit critique.
L’ordre passionnel, grâce auquel il a appris à maîtriser ses colères naturellement promptes.
L’ordre volontaire qui se manifeste par sa volonté diplomatique et cependant persévérante.
Et enfin l’ordre matériel, qui est une qualité plutôt imprévue chez le sexe fort.
Parmi les autres caractéristiques de cette main, il importe de mentionner : Une intuition qui souvent querelle le sens commun, encore que ce dernier soit généralement victorieux ; une ligne de destinée ou de carrière due entièrement au mérite personnel sans le concours de circonstances fortuites ; une sensibilité fidèle ; un goût très vif pour la musique ; une vitalité intense et un besoin fiévreux d’activité qui rendirent son enfance turbulente, batailleuse et la tourmentèrent de chutes et d’accidents.
Et n’oublions pas surtout sa bonté, une bonté immense mais qui semble naître et se développer assez tard, — ainsi que le témoigne le fait curieux, bizarre et très rare : une ligne de cœur admirable, riche, exubérante dans la main droite, et son absence totale dans la main gauche.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Me de Moro-Giafferi

Article paru dans L’Intransigeant du 3 septembre 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

Me DE MORO GIAFFERI

Une activité fébrile, une énergie de galop et une intelligence
intuitive menée par une soixante chevaux au frein flexible caractérisent la main de M. de Moro-Giafferri. Mais Mars et Jupiter se trouvent chez lui, comme d’ailleurs dans toute main classique d’homme politique, nuancés par Mercure. Et bien que sa puissante volonté soit de celles qui vont jusqu’à l’obstination, il entre néanmoins toujours de la diplomatie dans la composition de sa violence.
La longueur de l’annulaire, le doigt de Mercure, par rapport aux autres doigts, est remarquable et révèle une éloquence chaude, colorée, souple, vibrante et riche dans toute sa gamme. La beauté du verbe n’a pas de secret pour lui.
L’index et la croix de la paume indiquent un esprit porté vers le mysticisme, voire la superstition ; mysticisme inégal et capricieux combattu, souvent avec succès, quelquefois à grande peine, par le rationalisme, par un vif amour de l’ordre dans tous les domaines et par cette modération qui fait la sagesse des vieilles races et qu’on peut déchiffrer dans la forme des doigts.

Maryse Choisy

Ce que disent leurs mains : Hélène Vacaresco

Article paru dans L’Intransigeant du 26 août 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

MLLE HÉLÈNE VACARESCO

Vénus, Lune, Apollon, Jupiter : ardeur, imagination, poésie, mysticité, énergie, tout est dans ce tempérament exubérant de vie et d’activité. Son premier aspect donne une sensation de vertige. Puis en l’analysant, on y trouve mille et un joyaux précieux qui dans une scintillation aveuglante échappèrent d’abord à l’observation.
Une sensibilité vibrante et douloureuse qui devine avant de comprendre. Une intelligence intuitive et une imagination fastueuse luttant péniblement avec la discipline d’un extérieur réglé. Un moi qui s’affirme, même lorsque l’opinion lui est contraire. Une ambition toute puissante jusqu’à trente ans et plus modérée ensuite. Les ongles courts dévoilent des colères de paille, promptes, mais sans rancune. Un désintéressement et une bonté néfastes parfois à ceux qui les possèdent. Un cœur éternellement jeune à qui rien n’est indifférent, et commandé par des enthousiasmes sans cesse renouvelés, qui, si leur durée est grande, sont capables de soulever des montagnes. Une volonté de galop mais point persévérante et une indépendance qui ne tolère auçun joug.
Un don remarquable de sculpture que décèlent la main petite, les doigts gros et l’éminence vénusienne développée vers les extrémités. Un amour de poésie et de la contemplation rare dans une main consumée par ailleurs de la flamme perpétuelle d’une activité intarissable. L’étoffe d’une sainte Thérèse.
Un tempérament vénusien qu’on s’étonne de voir si admirablement policé ; et des sens refoulés qui ont très heureusement évolué dans une sphère sensible et cérébrale et qui expliquent pourquoi Mlle Vacaresco est capable d’entreprendre les multiples activités dont une seule aurait suffi à épuiser la vie d’une femme ordinaire. Telle est la main de la poétesse roumaine.
Nous y lûmes également le drame sentimental qui coupe d’un trait cruel et net les lignes de cœur et de destinée.

Maryse Choisy