Ce que disent leurs mains : Hélène Vacaresco

Article paru dans L’Intransigeant du 26 août 1925 :

CE QUE DISENT LEURS MAINS

MLLE HÉLÈNE VACARESCO

Vénus, Lune, Apollon, Jupiter : ardeur, imagination, poésie, mysticité, énergie, tout est dans ce tempérament exubérant de vie et d’activité. Son premier aspect donne une sensation de vertige. Puis en l’analysant, on y trouve mille et un joyaux précieux qui dans une scintillation aveuglante échappèrent d’abord à l’observation.
Une sensibilité vibrante et douloureuse qui devine avant de comprendre. Une intelligence intuitive et une imagination fastueuse luttant péniblement avec la discipline d’un extérieur réglé. Un moi qui s’affirme, même lorsque l’opinion lui est contraire. Une ambition toute puissante jusqu’à trente ans et plus modérée ensuite. Les ongles courts dévoilent des colères de paille, promptes, mais sans rancune. Un désintéressement et une bonté néfastes parfois à ceux qui les possèdent. Un cœur éternellement jeune à qui rien n’est indifférent, et commandé par des enthousiasmes sans cesse renouvelés, qui, si leur durée est grande, sont capables de soulever des montagnes. Une volonté de galop mais point persévérante et une indépendance qui ne tolère auçun joug.
Un don remarquable de sculpture que décèlent la main petite, les doigts gros et l’éminence vénusienne développée vers les extrémités. Un amour de poésie et de la contemplation rare dans une main consumée par ailleurs de la flamme perpétuelle d’une activité intarissable. L’étoffe d’une sainte Thérèse.
Un tempérament vénusien qu’on s’étonne de voir si admirablement policé ; et des sens refoulés qui ont très heureusement évolué dans une sphère sensible et cérébrale et qui expliquent pourquoi Mlle Vacaresco est capable d’entreprendre les multiples activités dont une seule aurait suffi à épuiser la vie d’une femme ordinaire. Telle est la main de la poétesse roumaine.
Nous y lûmes également le drame sentimental qui coupe d’un trait cruel et net les lignes de cœur et de destinée.

Maryse Choisy