Celle qu’on craint

Éditorial de Maryse Choisy paru dans Consolation n° 11 (31 octobre 1935) :

CELLE QU’ON CRAINT

Nous devions parler d’ELLE cependant. Car l’occultisme c’est, avant tout, le pont qui relie la vie à la mort. Toute Eglise, tout Culte se jugent d’abord par leurs cérémonies des morts… En ce sens, la messe catholique est un des rituels magiques les plus parfaits.
Pour un vrai occultiste, la mort n’est pas un sujet triste… C’est le commencement d’une vie nouvelle… Aussi est-ce avec sérénité que nous avons préparé ce numéro sur LA TOUSSAINT.
Il comporte sa leçon sur nos relations avec l’astral qui doivent être PRUDENTES… Notre ami et collaborateur Robert Ambelain, en parlant de ses sorties en astral a été un peu vite… Je DÉCONSEILLE fortement aux lecteurs non initiés d’essayer SANS GUIDE ET SANS PRÉPARATION une sortie… Car, ne l’oublions pas, s’il est bon de connaître ce que sera notre existence dans l’au-delà, il n’en reste pas moins vrai que l’astral n’est point un séjour pour les vivants. Et, en ce sens, l’Eglise a eu raison de défendre la vulgarisation des sciences ésotériques. Un homme équilibré — et tous les lecteurs de CONSOLATION sont équilibrés — donne à chaque minute sa valeur. La leçon de la vie, c’est l’action. Il faut rester fidèle à la vie, à notre devoir, à nos occupations.
La leçon de la mort, c’est qu’une fois le corps physique abandonné, il ne faut plus s’accrocher aux soucis de la terre.
Il y a trois attitudes devant la mort comme il y a trois attitudes de femmes délaissées par l’amour.
Il y a la petite entêtée qui s’accroche à celui qui la quitte. C’est le mort qui n’arrive pas à oublier ses soucis terrestres, qui remâche un monoïdéisme… Ce fantôme éternel finit comme la matière.
Il y a la femme qui se console avec un autre ami. C’est la grande majorité. Ce sont des morts qui ne sont pas encore blasés sur l’existence terrestre et qui se réincarnent.
Il y a aussi Eve Lavallière qui entre au couvent après un chagrin d’amour. Dans l’au-delà, cette attitude correspond au nirvana bouddhique… Ayant épuisé toute son expérience, l’âme rentre dans le sein de Dieu. Elle a obtenu la grâce de ne plus se réincarner. C’est celle que je nous souhaite.

Maryse Choisy

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